jeudi 3 mars 2011

Visite guidée de mon quartier

Malgré quelques déménagements successifs, j'ai réussi à habiter toujours plus ou moins le même quartier, entre le 14e et le 13e arrondissement. Un endroit ni trop tranquille ni trop affolé, dynamique et chouette, qui mérite qu'on s'y attarde.

Quand « H » m'a reçu chez lui, je passais tous les jours devant le gros minou de la place Denfert-Rochereau, lui qui doit défier les Prusses, mais qui regarde dans la mauvaise direction...


Pas loin de là se trouve la rue Daguerre, toujours animée, un peu branchée mais pas trop. Y a des endroits même un peu hors du temps dont je dois redemander les adresses à « R » ! Et pas trop loin non plus, le cimetière de Montparnasse, où plein d'artistes et de personnalités du début du XXe siècle se trouvent et à qui je suis allée dire bonjour : César Franck, Camille Saint-Saëns, Tristan Tzara, Man Ray, Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, Serge Gainsbourg... La tombe qui m'a le plus émue n'est pas celle du plus connu :


Robert Desnos est un poète dada, puis surréaliste (mais pas trop) qui a aussi fait de la radio, de la publicité et un paquet de poèmes cool. Il a été engagé dans la Résistance (je crois), ce qui lui a valu d'être envoyé dans les camps de concentration. Il était encore vivant à la Libération (du genre pas mort, mais pas fort) et il est malheureusement décédé peu après. Et moi je l'aime d'amour. Je lui ai fait ma déclaration et j'ai ajouté une petite pierre blanche dans le dernier « S ».

Hommes de sale caractère
Hommes de mes deux mains
Hommes du petit matin
La machine tourne aux ordres de Deibler
Et rouages après rouages dans le parfum des percolateurs qui suinte des portes des bars et le parfum des croissants chauds.
L'homme qui tâte ses chaussettes durcies par la sueur de la veille et qui les remet.
Et sa chemise durcie par la sueur de la veille
Et qui la remet.
Et qui se dit le matin qu'il se débarbouillera le soir
Et le soir qu'il se débarbouillera le matin
Parce qu'il est trop fatigué...
Et celui dont les paupières sont collées au réveil
Et celui qui souhaite une fièvre typhoïde
Pour enfin se reposer dans un beau lit blanc...
Et le passager émigrant qui mange des clous
Tandis qu'on jette à la mer sous son nez
Les appétissants reliefs de la table des premières classes
Et celui qui dort dans les gares du métro
et que le chef de gare chasse
jusqu'à la station suivante...
Hommes de sale caractère
Hommes de mes deux mains
Hommes du petit matin.


En revenant vers la place Denfert-Rochereau et en suivant le métro (aérien à partir de la station suivante), on arrive bientôt au quartier de la Butte-aux-Cailles, un endroit avec des parcs, une piscine, des rues escarpées, des crêperies et des bars, un peu « branchouille », rempli de très beaux graffitis :



À partir de là, à raison de trois jours par semaine, il y a un marché extérieur qui s'étend de chez moi (à quelques rues près) jusqu'à la Place d'Italie, où trône la très jolie mairie du 13e (ainsi que des palmiers, mais ça j'ai toujours pas compris).



Je vais parfois au marché, mais là où j'aime vraiment faire mes courses, c'est à la Biocoop. Je n'ai qu'à traverser la rue pour m'y rendre et tous les produits de ce supermarché sont biologiques. Tous ! C'est comme un gros Rachel-Berri, un peu moins ésotérique, un peu plus sympa et 30 fois moins cher. J'ai ai même trouvé une bière, la Jade (!), brassée à Bénifontaine (sans déconner !!).


Disons simplement que je m'y suis rapidement sentie chez moi.

7 commentaires:

  1. Ah oui, et à partir de la place d'Italie, en allant un peu vers le sud, il y a un quartier chinois ! Avec tout ce que ça implique, comme des super bons restos pas trop cher (pour Paris), des pâtisseries faites avec du riz et des haricots rouges, des produits d'importation de partout dans le monde !

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  2. Je préfère encore Jade de Bénifontaine

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  3. Toujours aussi noble, Ja de Préfontaine? ;)

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. Excusez-moi j'ai fait une fausse manœuvre, Robert Desnos est mort du typhus dans le camp de Therjienstadt en Tchécoslovaquie en 1945 1 mois après que le camp soit libéré par les Russes.

    Bravo pour vos belles pierres blanches ! émouvantes.

    Connaissez-vous le beau poème d'Aragon "Robert le diable" mis en musique par Jean Ferrat ?

    Je connais une chanteuse qui chante actuellement cette très belle chanson, dans un récital qui rend hommage à Jean Ferrat au théâtre Darius Milhaud (Paris 19e) les dimanches à 18h, elle chante avec talent, c'est pourquoi je me permets de vous la signaler.

    Bonne journée.

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