La délivrance
Un monologue tout en délicatesse sur l’abandon parental et la construction de soi
Après
La liste et Le carrousel, une troisième pièce de Jennifer Tremblay
mettant en scène Sylvie Drapeau est à l’affiche du Centre du Théâtre
d’Aujourd’hui. Troisième opus de la trilogie, La délivrance est, comme
la pièce précédente, mise en scène par Patrice Dubois.
La
représentation commence par un son de cloche répété. Le ton est donné :
dramatique, solennel, mais aussi religieux. Ce qui relie les personnages
de cette pièce, tous interprétés par Sylvie Drapeau, a été abîmé, et il
faudra soit le réparer, soit s’en affranchir.
L’imminente mort
de la mère et son insistance à voir son fils à son chevet constituent le
point de départ de cette pièce dans lequel la médiatrice,
respectivement fille aînée et sœur des deux premiers, met temporairement
de côté son propre chagrin afin de réconcilier les deux êtres. Au fil
des souvenirs racontés par la protagoniste à son frère au téléphone, le
spectateur restitue le passé familial.
Tremblay exploite ici les
douleurs nées de l’abandon parental et leur impact sur les relations
familiales. La délivrance du titre fait référence autant au réconfort
que la protagoniste trouvait, enfant, dans la prière qu’à l’euphémisme
donné à l’expulsion du bébé lors de l’accouchement. En filigrane de la
trame principale au sujet de la maternité et de l’identité point un
discours critique sur les normes de genre qui contraignent et limitent
les personnages.
La mise en scène paraît plus réussie que celle
du Carrousel. La polysémie du texte est ici conservée, plutôt
qu’étouffée dans une scénographie époustouflante. Un élément pourra
toutefois rebuter le spectateur : la scansion de l'actrice, particulière
et détachée, comme si les émotions que recelaient le texte étaient
volontairement mises à distance par la personne qui les énonçait. Si
l’effet produit paraît artificiel, en revanche, il sert plutôt bien le
propos.
La scénographie de Pierre-Étienne Locas, simple dans
l’ensemble, s’avère efficace pour souligner sans marteler les jeux de
miroirs présents dans le texte. La disposition scène-salle est en ce
sens particulièrement signifiante, tout comme les jeux de miroir et de
réflexion à l’œuvre dans l’espace scénique.
Il en résulte une œuvre cohérente mais exigeante, sérieuse sans être lourde.
Texte de Jennifer Tremblay, mise en scène de Patrice Dubois, avec Sylvie Drapeau.
Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, 20 septembre au 15 octobre 2016.
Au plaisir de te relire.
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